Ne fût ce qu'en chine

Le titre de l’album Ne fût ce qu’en Chine est tiré d’un Hadith du prophète de l’islam : « recherchez le savoir ne fut-ce qu’en Chine ». On obtient ainsi une histoire via le fil conducteur qui est la musique orientale rencontrant et s’enrichissant mutuellement des autres cultures, de l’Espagne à la Chine et à travers les «frontières» d’hier et d’aujourd’hui.

Lakhdar Hanou a pris la direction artistique de cet album qui contient essentiellement ses compositions orientales. Mais aussi une pièce mythique égyptienne ainsi qu’une pièce contemporaine chinoise de Jiang Nan (cithariste également interprète dans cet album).

Ce disque est le travail d’un ensemble à cordes et percussions dynamiques et improbables. Une expression à la fois teintée de traditions influencées du soufisme, mais aussi d’originalité contemporaine. On retrouve ainsi le chant arabe donc le verbe et à fortiori la poésie. Comme celle de Mahmoud Darwich ou d’Ibn Arabi qui sont enclin à témoigner que pour se dépasser et s’affranchir. La relation à l’être aimé reste encore à notre époque un des meilleurs moyens d’y parvenir.

Comme un conte avec un cadre défini mais qui laisse place à l’improvisation, la musique de Lakhdar Hanou s’exprime d’une voix modale, une mélodie onirique. Les musiciens interprètes de l’ensemble sont pour la plupart issus d’horizons différents mais avec un lien à la musique arabo-orientale. Ils apportent au chapitre leur expérience et leur sensibilité. Le propre de la musique modale est de jouer la même mélodie mais selon sa propre interprétation, ce qui fait un des paris de cet album, d’être universel avec des protagonistes d’origines et d’expériences diverses.

Un album diffusé sur les « coups de cœur » 2016 de Françoise Degeorges (émission Couleurs du Monde sur France Musique). Anne Berthod en a signé un très bel article, récompensé des 3 T dans Télérama ainsi qu’Etienne Bours dans Trad Mag de mars/avril 2016 (n°166) .